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[Flashback] 15 juin 1996 : la toute première Pride de Lille
Justine Pluchard,
4 min de lecture
27 mai 2023,
Dans la rue, Flashback
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Justine Pluchard,
4 min de lecture
27 mai 2023,
Dans la rue, Flashback
Ce 27 mai 2023, Lille va vivre sa 26e marche des fiertés. On vous propose de remonter le temps jusqu'à la toute première qui s'est tenue le 15 juin 1996. Ce jour-là, la "Gay Pride" arrivait dans notre "ville de province" pour permettre à des centaines de personnes de revendiquer fièrement le droit d'aimer qui iels veulent librement. On va tenter de vous la faire revivre.
"Un jour de fierté, 364 jours discrets", titrait La Voix du Nord de Lille ce jour de 1996. On y apprend que les organisateurs et organisatrices prévoient 500 à 1000 personnes dans les rues de Lille pour cette première Pride. Imaginez un peu : une ville de "province" va voir des "homosexuel(le)s" revendiquer et fêter ce qu'ils et elles sont.
Il fait chaud ce 15 juin et la fête s'annonce belle. Bruno, jeune Lillois de 26 ans, part acheter des confettis dans une petite boutique du Vieux-Lille. "J'étais très timide à l'époque et les vendeurs étaient curieux de savoir pourquoi j'achetais autant de confettis, raconte-t-il aujourd'hui. Je me souviens avoir pris sur moi pour leur dire la vraie raison. Et ils ont été très soutenants en fait."
Bruno est à l'époque en train de "d'apprendre [s]on militantisme". En 1995, il a rejoint les Flamands Roses, une asso LGBTQI+ qui est encore bien active aujourd'hui. L'idée de créer une Pride à Lille vient d'elle et d'autres assos dont Act Up Lille, le Gay-Kitch Camp ou encore le Comité pour la reconnaissance sociale des homosexuel(le)s (CRSH) avec le soutien de commerces alliés.
Car cette même année 95, en Belgique, on commence à parler de lancer la première Pride de Bruxelles. Pas mal de Lillois et Lilloises, déjà habitué·es à celle de Paris, se préparent à en être. La première Gay Pride de Belgique est annoncée pour mai 1996 et Lille veut suivre. Si la capitale belge peut organiser une marche des fiertés, pourquoi pas la capitale des Flandres ?
Une fois les sponsors trouvés et la manifestation annoncée en préfecture, reste à faire venir les gens. Même si Lille vit alors un moment d'effervescence avec un bon crew de bars et autres établissements qui se revendiquent officiellement comme gays et/ou lesbiens, la discrimination est loin d'avoir disparue en ville.
"Le risque en défilant, c'est la visibilité. Et tout le monde n'a pas les moyens d'y faire face, explique Bruno. Le jour de la Pride, on est ensemble, tout un groupe. Mais le lundi, à la machine à café au travail, on est seul."
S'il a été pratiquement de toutes les marches lilloises depuis, Bruno n'a finalement fait que regarder le défilé ce jour de juin 96. "J'avais peur car je faisais mon service national à Lille à ce moment là et je n'étais pas out partout..." Alors il est là, sur le trottoir, à voir passer les centaines de personnes, en jetant ses confettis.
Au final, La Voix du Nord compte environ 800 personnes, France 3 plutôt 1500. Mais les deux médias sont unanimes sur un point : cette première "Lesbian and Gay Pride" lilloise est une grande réussite. "Ce défilé a donné comme une impression de liberté", rapporte le journaliste de La Voix qui fait attention à employer des "ils (elles)" et des "homosexuel(le)s" pour parler de ces "garçons et filles" qui défilent à visage découvert.
"On s'était d'ailleurs posé la question à un moment de faire porter des masques pour inciter plus de gens à venir, se souvient Bruno. Mais en fait, c'était un non-sens : une Pride, c'est justement fait pour être visible et fier, avec la fête comme mode de revendication." La veille de la marche, Patrick Cardon du Gay Kitch Camp affirmait aussi dans La Voix du Nord : "La Gay Pride, c'est un peu notre 1er mai."
Déjà à l'époque, on distribuait des capotes, on baignait dans la bonne humeur, on se tenait simplement la main ou on y allait à fond avec des fringues ultra colorées ou subversives. Et les hétéros étaient bien évidemment les bienvenu·es pour se joindre à la marche. "C'était tellement audacieux d'imaginer ça. Moi, ça m'a montré qu'il y avait une possibilité d'agir", conclut Bruno.
Finalement, la seule chose qui a réellement changé avec le temps, c'est le nombre de personnes présentes et incluses dans cette marche pour revendiquer leurs droits : elles étaient près de 20000 en 2022. Hâte de voir combien vous serez cette année.
Pour vous écrire cet article, on s'est basé :
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article écrit
par Justine Pluchard