Misogynie, racisme, LGBTphobie, injures diverses et variées... les commentaires haineux se multiplient sur les réseaux sociaux, y compris dans le monde de la culture. Au point qu'une vingtaine de sociétés de production, salles de spectacles et festivals de la métropole lilloise tirent la sonnette d'alarme.
Savez-vous ce qu'on a couvert ce samedi 24 mai ? La Marche des Fiertés de Lille. Savez-vous ce qu'on a fait tout le week-end depuis la publication de notre reel sur Facebook, Instagram et TikTok ? Modérer les commentaires. Et on n'est pas les seul·es à devoir passer du temps à supprimer ou répondre à des messages problématiques, injurieux et discriminants sous nos publications.
Le monde de la culture de la métropole lilloise aussi. "On en a toujours eu mais ça va en s'accélérant, notamment depuis les élections européennes et législatives", constate Perrine, la dir'com' de la société de production lilloise À Gauche de la Lune. Et "la fin de la modération des commentaires décidée par Mark Zuckerberg, patron de Meta (Facebook et Instagram), n'a pas aidé non plus", ajoute Maxence de Tu M'étonnes Production.
19 signataires du monde de la culture et du divertissement
Au point que la dir'com' a lancé un cri d'alerte sur les réseaux sociaux avec 18 autres structures culturelles : l'Aéronef, The Black Lab, la Bulle Café, Le Bureau des spectacles, la Cave aux poètes, la Condition Publique, Le Flow, Le Grand Mix, Le Jardin Électronique, Laisse Tomber les Filles, Name Festival, La Rose des vents, Slalom, Le Splendid, le Théâtre du Nord (et son école du Nord), Tu m'étonnes Productions, Vérone Productions et le Zénith de Lille.
L'élément déclencheur : "Un nouveau commentaire sur un de nos artistes racisés. C'était le commentaire le trop", continue Perrine qui parle d'une modération sans fin. J'ai passé quelques coups de fils aux autres, et c'était la même chose pour eux, notamment sur Facebook. On s'est dit que ne rien dire, c'était cautionner, alors on a décidé de faire un message sur nos réseaux sociaux."
Vers une prise de conscience ?
Dans le post publié sur toutes les pages des signataires, le message est clair : "La haine n'a pas sa place sur les réseaux. Nos spectacles sont des espaces de divertissement et de culture, où la bienveillance et l'ouverture d'esprit sont les maîtres mots. Face à une violence qui prend de l'ampleur autour de nous tous·tes, les lieux de spectacles et de divertissements constituent des remparts [...] Ensemble, soyons les pierres qui renforcent ces remparts, et pas les boulets qui les détruisent."
Texte de loi et peine encourue
L'occasion de vous rappeler un texte de loi à ce sujet : l'article du Code pénal (225-1) indique ce qui constitue une discrimination : origine, sexe, apparence physique, handicap, caractéristiques génétiques, mœurs, orientation sexuelle, identité de genre, etc. Les risques judiciaires encourus par les auteur·rices des commentaires discriminants : jusqu'à 3 ans de prison et 45 000€ d'amende. À bon·nes entendeur·ses.