Placé en redressement judiciaire en janvier, le plus vieux bar LGBT+ de Lille (après Le Privilège) risque la fermeture d'ici début juillet. Et ce n'est pas à cause de sa mauvaise gestion. Pour sauver l'établissement emblématique, une cliente habituée a mis en ligne une cagnotte.
"Une maison pour toutes les communautés", "un repère festif et discret", "un lieu emblématique". Voilà comment les client·es définissent Le Bayard, ce petit bar-tabac situé dans la rue Nationale à Lille. Un établissement qui ne paye pas de mine, mais qui est pourtant historique. Ouvert en 2002, il est le deuxième plus vieux spot LGBT+ de Lille, après Le Privilège.
Vu de l'extérieur, on ne se douterait pas que cet établissement, d'apparence plutôt classique à la lumière du jour, se transforme en un spot de fête à la tombée de la nuit, avec des bingo drags, des soirées 80s/90s et bien d'autres événements. "On a toutes les communautés qui viennent : hétéros, trans, gays, lesbiennes, bears, fétiches... c'est un repère pour celles et ceux qui aiment s'amuser, sans être forcément regardés", résume Arnaud, le copropriétaire.
Sortir de l'ombre pour être sauvé
Mais après 13 ans d'existence, Le Bayard est plus proche que jamais de la fermeture, à cause d'un incident qui a fragilisé la stabilité économique du lieu... alors que les comptes sont d'habitude au vert. "On s'est retrouvés avec une dette énorme, les banques n'étaient plus là et on a été obligés de se mettre en redressement judiciaire le 20 janvier", indique Véronique, l'autre cogérante.
Son prochain rendez-vous au tribunal : le 1er juillet. "C'est là qu'on saura si on est placé en liquidation ou si on peut prolonger notre activité." Autant dire que c'est demain, et les chiffres positifs ne sont toujours pas là. Ce qui a poussé Laurence — employée licenciée à cause de la situation et cliente fidèle du bar — à lancer une cagnotte Leetchi pour sauver son QG. Objectif : 20 000€. Au moment où l'on écrit ces lignes, Laurence a récolté 6 845€.
Un manque de médiatisation ?
De quoi frustrer certain·es client·es fidèles : "Pourquoi n'a-t-il pas la même médiatisation qu'un bistrot comme le Cheval Blanc ?, critique Stéphane, un client régulier. Le Bayard aussi est une institution lilloise. Et contrairement à Monique, ce n'est pas à cause d'une mauvaise gestion qu'il a été placé en redressement judiciaire. L'argent n'a pas été cramé n'importe comment."
Si le verdict du tribunal de commerce s'avère fatal, lui et d'autres client·es se préparent à sortir les pancartes contre la décision. Mais Véronique et Arnaud n'espèrent pas devoir en arriver là. Affaire à suivre.