La vie du Carlton de Lille est avant tout liée à des célébrités. Certaines ont une belle réputation et d'autres non. On pense à Whitney Houston, Jacques Chirac, Jean‑Paul Belmondo ou encore à Eddy Mitchell qui ont tous et toutes séjourné au moins une fois à l'hôtel. Mais on pense aussi et surtout à la reine d'Angleterre A.K.A Mary de Teck et à Dominique Strauss-Kahn.
La reine investisseuse
Revenons aux origines. Nous sommes au lendemain de la Première Guerre mondiale. Alors que le pays se reconstruit, la Queen zieute cet immeuble en reconstruction au cœur de Lille qui a abrité entre 1901 et 1914, le Café Jean. Il faut dire qu'il est sacrément bien placé entre la rue Faidherbe et la rue Pierre-Mauroy, en face de la place du Théâtre.
En 1920, elle décide d'investir le fonds de commerce par la société "Carlton" pour en faire un hôtel. Sous le dôme, on y aménage même une suite "Coupole" en hommage à la couronne britannique avec des feuilles d'or au plafond. Et voilà qu'en 1925, l'histoire de cet hôtel luxueux démarre.
Malgré des hauts et des bas et des changements de propriétaires, l'hôtel ne s'en sort pas trop mal et a bonne réputation. Seule tâche : la fameuse affaire Carlton en 2011.
L'affaire Carlton : un "fiasco politico-judiciaire"
On vous refait le pitch de ce dossier ultra-médiatisé à l'époque. Nous sommes en février 2011, la police judiciaire de Lille met sur écoute trois personnes travaillant dans l'hôtel lillois. Non pas pour le plaisir, mais parce qu'elle les soupçonne, à la suite d'une dénonciation anonyme, d'organiser des soirées avec des prostituées.
Neuf mois plus tard, René Kojfer, le chargé de relations publiques de l'hôtel est mis en examen. Puis d'autres personnes suivent : un commissaire de police, un avocat, deux hommes d'affaires lillois... mais aussi Francis Henrion le directeur, Hervé Franchois le propriétaire, Dominique Aldeweireld, (alias "Dodo la Saumure") un proxénète français vivant en Belgique, et Dominique Strauss-Kahn à l'époque directeur du Fonds monétaire international (FMI). Et ce dernier est déjà bien sous les feux des projecteurs, puisqu'il est accusé d'agressions sexuelles (l'affaire du Sofitel à New York).

Au total, 14 personnes doivent faire face à la justice pour proxénétisme aggravé en réunion en 2015. Finalement, seul René Kojfer est condamné (1 an de prison avec sursis).
L'hôtel se tourne vers l'avenir
Malgré tout, l'hôtel restera debout. Et ce malgré la menace de fermeture administrative, les annulations en cascade des client·es, les canulars et les insultes dont ont été victimes les employé·es.
En 2016, l'hôtel fait tout pour redorer son blason. L'établissement change de propriétaire, un plan de modernisation est réalisé avec la rénovation de la réception, des salons, de la salle du petit-déjeuner et de pas mal de chambres.
Depuis 2021, on peut siroter un cocktail et manger dans son bar The View qui comme son nom l'indique, offre une vue imprenable sur la place du Théâtre, l'Opéra de Lille et la Vieille Bourse. Et depuis début 2024, on peut même se faire un kiff avec un brunch. Et toujours avec une vue incroyable. La reine d'Angleterre avait définitivement l'œil.