Flashback : ces dix histoires lilloises insolites à raconter pour briller en société
Aurore Garot,
6 min de lecture
04 août 2025,
Flashback
@Archives La Voix du Nord
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Un barbier sous les bombes, une rue transformée en terrain de pétanque géant, une course-poursuite bovine dans les rues de Lille... on a trouvé des histoires lilloises parfois improbables, que vous pourrez utiliser pour amuser et/ou instruire vos potes ou votre date en soirée.
Le barbier sans peur
Nous sommes en septembre 1792, les soldats autrichiens assiègent Lille, mais les Lillois·es tiennent bon, malgré les boulets incendiaires et les bombes. Y compris rue du Vieux Marché aux Moutons (aujourd'hui, rue du Molinel) où continue de raser tranquillement le barbier Adrien Maes. Même quand une bombe atterrit sur sa baraque. Au calme, il ramasse l'éclat d'obus à terre et continue de raser ses clients. Si c'est pas un bel acte de résistance ça.
Tableau de Louis Watteau, représentant la scène.
Tu tires ou tu pointes, rue de Béthune ?
19 avril 1970. La rue de Béthune, alors encore traversée par des voitures, se transforme en terrain de pétanque géant. Un peu comme la Waz'Pet Cup à la Halle de Glisse, sauf que l'organisatrice est la Fédération Française de Pétanque et Jeu Provençal (FFPJP). Et que les agents municipaux ont mis du sable dans la rue, qu'ils ont dû ensuite retirer pour laisser de nouveau passer les voitures. La preuve en vidéo.
Le saint patron des brasseurs dans La Treille
Retour au XIIIe siècle, quand les épidémies décimaient la population. Parmi les maladies qui faisaient rage, il y avait le typhus qui se chopait notamment par l'eau, qui n'était pas hyper bonne pour la santé. Mais l'évêque Arnould de Soisson a fait une découverte : pendant le processus de brassage, l'eau portée à ébullition devient potable. Et comme un bon lobby mais sans être payé, il aurait dit aux gens "ne buvez pas d'eau, buvez des bières !" Pas étonnant qu'il soit devenu le saint patron des brasseurs et que ceux du Nord aient financé une verrière à son effigie dans la Cathédrale Notre-Dame de La Treille.
Tous aux abris à République !
Qui dit guerre, dit bombardements, qui dit bombardements dit zones d'abris pour les civil·es. Lille n'était pas en reste sur ce point-là et avait construit un abri sous la place République. Vous voyez où se trouve la station de métro et l'amphithéâtre ? Eh bien c'était juste là.
Le dernier cinéma porno de France était lillois
Il se situait au 9 rue Esquermoise et les lycéennes des années 80 s'installaient au bar d'en face pour se moquer des mecs qui en sortaient. Né en 1908, l'Omnia était le premier cinéma de la ville. Sauf que dans les années 70, il est loin d'être le seul et pour ne pas se faire happer par la concurrence, il décide de se spécialiser dans le porno. Et c'est ce qui lui a sauvé la vie, jusque dans les années 90, quand les VHS sont arrivées. Le spot a fermé en 1994, en tant que dernier cinéma porno du pays. Si vous voulez, on vous a fait tout un flashback sur l'Omnia, son passé jouissif et son histoire sulfureuse.
On remarque la bobine à la place du O de Omnia (aujourd'hui disparu).
Le boulet-sein sur une façade de la place du Théâtre
Sur la façade du Rang de Beauregard, place du Théâtre, on retrouve des boulets de canon incrustés. Un rappel du siège des Autrichiens en 1792 qui ont balancé 30 000 boulets sur la ville. Mais si vous regardez plus en détail, il y en a un rose qui ressemble à un sein. Celui-là, on le doit à Bernard Morel dont la famille avait fondé la bonneterie Morel en 1813. En 1985, l'héritier reprend l'établissement mais en proposant des pyjamas et de la lingerie fine, avant de finir par transformer le lieu en Café Morel en 2003. Tout en laissant la trace sur la façade de son héritage familial. Depuis 2015, les Morel ne sont plus propriétaires du lieu devenu Moulin d'Or, mais le souvenir de cette famille reste à la vue des passant·es amusé·es.
150 ans de guillotine à Lille
Dans un registre moins fun, Lille a eu entre 1792 et 1938, sa guillotine. D'abord sur la Grand Place où étaient condamnés les prisonniers et où les Lillois·es se rassemblaient pour assister à l'exécution. Puis à partir du XIXe siècle, sur la place Vergniaud, à côté du Palais de Justice, situé à l'époque en périphérie. La guillotine sera utilisée pour la dernière fois le 28 avril 1938. Le guillotiné : Fernand Hubert, un mécanicien-dentiste accusé d'avoir assassiné et volé sa bienfaitrice Marie-Toulouse Picquet. Aujourd'hui, on retrouve une plaque d'égout à l'emplacement de la guillotine et une plaque commémorative.
Le bras en or qui frustre les historiens
Vous l'avez forcément vu, ce bras en or accroché sur un balcon situé entre la rue Grande-Chaussée et la rue Lepelletier. Eh bien sachez que ça fait trois siècles qu'on se demande ce qu'il peut bien vouloir signifier. Dans la communauté historienne le mystère reste entier. On sait qu'il était déjà là au XVIIe siècle grâce à une gravure. C'est tout. On sait qu'il y a eu une pharmacie à cet endroit et certain·es se sont alors demandé·es s'il n'était pas l'ancêtre de la croix verte chez les apothicaires des Flandres, pour signaler leur présence. D'autres pensent qu'il indiquait le chemin pour aller à l'hospice comtesse qui était un hôpital ou pour aller rue de la Monnaie où était stocké de l'or. Mystère et boule de gomme.
La course-poursuite bovine
Aujourd'hui, il ne reste rien des énormes abattoirs de Lille, à part le Tabac des Abattoirs en face de l'ancienne entrée, rue de Metz. Mais à l'époque, le lieu a donné quelques courses-poursuites animalières, qui ont permis aux journalistes de remplir plusieurs fois le canard local.
Comme cet après-midi du 30 juillet 1970, décrit par un journaliste de La Voix du Nord : "Le déchargement commença vers 14h30, sous un soleil de plomb.Premier à descendre du camion, le taureau jugea au premier coup d'œil que l'endroit n'avait rien de particulièrement folichon pour un animal de son espèce. C'est à cet instant qu'il décida de prendre la clé des champs. [...] C'est alors que commença une course-poursuite d'un genre très spécial, mi-corrida, mi-fiesta." Une trentaine de policiers ont entouré l'animal dans un périmètre pendant deux heures sans trop savoir quoi faire. On y amena deux autres taureaux pour calmer le bovin... mais qui ont décidé de suivre l'exemple du premier. Une histoire tragi-comique car au final, le premier taureau échappé a été tué tandis que les autres ont été rattrapés. "Les Lillois commencent à être habitués à ce genre de spectacle", terminait le journaliste.
On vous laisse nous dire quelle est votre préférée, et si vous en avez d'autres à nous raconter.