Qu'est ce que des graffeurs et graffeuses ont à faire dans un espace muséal vieux de plusieurs siècles ? Environ tout : l'expo "Aux temps des Renarts", portée par le collectif du même nom, laisse libre cours à la lecture des artistes sur le lieu, son histoire, et même son expo permanente. C'est à voir dès le 10 novembre.
Reprenons, pour celles et ceux qui ne sont jamais allé·e·s à l'Hospice Comtesse. Au Moyen-Âge, le lieu abritait un hôpital pour les miséreux, créé par Jeanne de Flandre (on lui a consacré un Flashback) en 1237. Il le restera jusqu'en 1940 avant de devenir un musée une vingtaine d'année plus tard, et abriter des collections d'art flamand typiques du Moyen-Âge. C'est un beau lieu de la ville, de l'extérieur comme à l'intérieur.
Maintenant, le collectif Renart. Une asso qui regroupe tout un tas d'artistes de rue de la métropole lilloise, et qui promeut l'art mural sous toutes ses formes. Ses membres sont colleur·euse·s, graffeur·euse·s, calligraphes et ont tous la même volonté de faire de faire connaitre leur art au plus grand nombre.
Enfin, l'événement qui nous occupe aujourd'hui : six membres du collectif ont eu carte blanche pour investir l'espace d'exposition temporaire du musée de l'Hospice Comtesse. Et vous pensez bien qu'ils ne se sont pas contentés de prendre des productions existantes et de les accrocher à des cimaises. Nope : ils ont décidé d'aller s'imprégner des collections permanentes du musée pour imaginer toute une expo autour de Lille pendant le Moyen-Age.
Deux immenses fresques
"C'est un peu fou de peindre dans un lieu pareil, lâche Dany Boy, l'un des artistes du collectif. On a mis deux jours à mettre les bâches au sol pour éviter que la moindre goutte ne tâche le sol." Intitulée "Au temps des Renarts", l'expo s'appuie sur le Roman de Renart, que vous avez peut-être déjà lu au primaire : un ensemble de fables animalières écrit aux XII et XIIIe siècles. "On a trouvé une chouette anecdote sur l'Hospice, raconte Dany Boy. Un administrateur de l'hospice avait traduit le Roman de Renart en flamand pour la Comtesse de Flandre."
Les six artistes ont passé beaucoup de temps à faire des recherches. "Il fallait que tout ça ait du sens." Les visiteurs démarrent l'expo par une fable calligraphiée par Lady Alézia, avant de tomber nez à nez avec une anamorphose géante (si on vous en dit plus, on vous gâchera le plaisir). Puis on se trouve nez à nez avec deux fresques qui se font face dans toute la longueur de la salle. L'une compte six bâtons de procession pour autant d'artistes. L'autre est une fresque animalière qui prend Lille pour décor. Alors qu'on les a vues pas encore terminées, on peut déjà vous dire qu'elles sont spectaculaires.
Au centre de la pièce, des compositions plus petites, mais aussi chouettes : les artistes ont choisi chacun·e deux œuvres qui leur ont parlé dans la collection permanente du musée et en ont créé leur propre version. Les visiteurs·euses seront aussi surpris par deux œuvres qui mélangent graffiti et musique. Omur.H, l'un des artistes, est musicien de formation. Il n'en est pas à ses premières œuvres visuelles et musicales, mais celles-là sont du sur-mesure : un dragon créé par Dany Boy réagira aux caresses des visiteurs, tandis qu'à l'autre bout de la salle, il sera possible de jouer avec les couleurs choisies par Lady Alézia pour marier sons médiévaux et sons composés sur ordinateur (et c'est mélodieux, on a testé).
Voilà, si on vous en dit plus, ça ne sera plus drôle. Les six artistes - Dany Boy, Omur.H, Pi80, Lady Alézia, Logick et Daltes - se font un sprint jusqu'à début novembre pour terminer leurs travaux respectifs. Les premiers visiteurs pourront se faire l'expo à compter du 10 novembre (ou du 6 novembre, si vous participez à l'Urban Trail, vu qu'il passe par cette salle). Et rien ne presse : l'expo restera là jusqu'au mois de mars 2022.
