Le 13 mai dernier, la Ville de Lille a remis un label à 22 discothèques lilloises. Un sticker à l’entrée, des critères précis à remplir, une démarche inédite en France… mais aussi quelques confusions. Est-ce un gage de qualité ? De clarification ? Une mesure de sécurité ? Pour y voir plus clair, on a interrogé Arnaud Taisne, adjoint au maire en charge de la vie nocturne.
Un peu de contexte. Depuis plusieurs années, Lille bosse à structurer et "apaiser" la vie nocturne. Récemment, on vous a parlé d'un gros plan concernant le secteur Solfé-Masséna. Mais en 2021, elle a aussi relancé un Conseil de la Nuit, fait signer une charte de bonne conduite... et a demandé à la préfecture de reclasser plusieurs établissements qui se définissaient comme boîtes de nuit pour contourner les nouvelles horaires de fermeture des bars.
Dans la suite logique des événements, la mairie a décidé de créer cette fois-ci un label tout neuf, visible via un sticker à l'entrée de 22 boîtes de nuit lilloises. Mais il sert à quoi exactement ?
Une liste officielle
Avant d’entrer dans le détail, on vous balance déjà la liste des établissements concernés. On sait que vous voulez checker si votre QG du week-end en fait partie : Baron ; B-Floor ; Boucherie ; Box ; Coco ; Duke's Club ; Folie's ; Hive ; Huit ; Joy ; Latina Café ; Network ; Nox ; Plage ; Relève ; Room ; Rouge ; Stairway ; Le Slalom ; Le Slay ; Suite ; Verde.
Ce label répond surtout à une demande des établissements qui est de clairement identifier ce qui est une "vraie" discothèque selon cinq critères :
- une piste de danse permettant d'accueillir au minimum la moitié de la capacité totale de l’établissement,
- un service de sécurité interne privé présent sur place,
- un·e disc-jockey (DJ), qu’iel soit employé ou prestataire sous contrat,
- un contrat en cours avec la SACEM,
- une déclaration effectuée auprès de la société chargée de la perception de la rémunération équitable.
"Ce label n’est pas un bonus de prestige, c’est une reconnaissance réglementaire, détaille Arnaud Taisne. Il sert à mettre en avant les boîtes qui respectent les règles, et à clarifier les choses auprès du public et des autorités". En clair : ce n’est pas une récompense, c’est un état de fait.
Pas un label de qualité, mais un outil de suivi
Attention donc : ce n’est pas un label "qualité". Il ne garantit pas la sécurité des client·es, ni une ambiance au top. Il permet surtout aux services municipaux de savoir à quoi s’en tenir. "Avant, c’était flou. La préfecture ne décerne pas officiellement un statut de discothèque. Du coup, les établissements devaient faire reconnaître leur statut au cas par cas, notamment par les pompiers, ce qui n’était pas leur rôle".
Avec ce listing, la police ou les services de la Ville savent d’emblée si un lieu coche les cases, sans devoir tout recontrôler. Et chaque année, la Ville refait un tour de vérification avec les gérant·es. "C’est aussi un moment de dialogue, pas juste un contrôle. On connaît mieux les pros, on échange, on accompagne".
Et la sécurité des client·es, alors ?
Sur les questions de violences sexuelles ou de protection des client·es, le label ne garantit donc rien. Arnaud Taisne est clair : "J’aimerais bien, mais ce n’est pas un label qui couvre ces aspects-là". Cela dit, la Ville incite les établissements à s’engager sur ces sujets. "La quasi-totalité (21 sur 22) a mis en place le dispositif Angela, pour venir en aide aux personnes en détresse". Reste à savoir si les employé·es de ces lieux ont tous reçu·es une formation sur le sujet.
Pour rappel, il permet à toute personne en danger ou mal à l’aise dans un lieu public de demander discrètement de l’aide au personnel en prononçant le mot-code "Angela". Les établissements participants sont facilement repérables grâce à un sticker apposé sur leur vitrine.
Une adresse mail spéciale a été mise en place il y a quelques années pour permettre de signaler un souci ou un comportement chelou dans ce genre d'endroit, que vous soyez victimes ou témoins. Elle est toujours active : agressionnuit@mairie-lille.fr.
Une dynamique collective avec les pros
La création de ce label s’inscrit dans un travail collectif avec les organisations professionnelles (UMIH, GHR, collectif Culture Bar-Bars). "On ne fait pas ça contre les établissements, insiste l’élu. C’est un partenariat pour mieux structurer la vie nocturne". La préfecture a été tenue informée, même si elle n’a pas formellement participé à la création du label.
Pour résumer, si une boîte est labellisée à Lille, elle respecte les règles, c’est sûr. Mais ça ne veut pas dire qu’elle est exemplaire sur tout.