On savait que le Name était en mauvaise posture. L'édition d'octobre 2024 a fait perdre 150 000 euros à Art Point M, faute de monde. Et bien que l'association organisatrice a le goût risque depuis 2005, en programmant des artistes électro émergent·es ou connu·es mais pas mainstream, Fanny Bouyagui, l'artiste et fondatrice du festival, ne prendra pas le risque cette année de creuser encore plus son déficit.
"On préfère ne pas faire d'édition en octobre à Roubaix et Lille, et se prendre le temps de construire une proposition renouvelée dans un format différent pour fin 2026, déclare Sabine Duthoit d'Art Point M, qui fera quand même l'événement à Saint-Omer comme chaque année depuis 2018.
Un festival électro XXL en plus dans l'agenda
"Ce n'est pas ouf ces derniers temps pour les festivals indépendants et à taille humaine comme nous, explique-t-elle. On se retrouve face à des gros festivals qui proposent une programmation mainstream et qui font du business. C'est difficile de lutter, alors que nous, on fait de la culture."
Dans le viseur : Madame Loyal, ce festival au concept inédit qui tourne dans plusieurs grandes villes de France et qui a fait sa première édition lilloise en novembre 2024. "Entre festivals du territoire comme le Jardin Electro, on se concerte. Mais Madame Loyal a déboulé sans prévenir comme Attila, avec ses manèges, ses gros noms et toute sa scénographie massive. Et ça nous a fait beaucoup de mal."
Avec trois festivals électro en trois mois et un pouvoir d'achat en perte de vitesse, pas mal de jeunes métropolitains ont dû faire des choix. "Il y a un changement d'usage des festivaliers et une vague de mainstream en ce moment. Associé au côté phénomène et nouveauté de Madame Loyal, c'était difficile de lutter."
Même schéma pour l'Open Air du Name, qui s'est tenu sur deux jours en mai 2024 (et a fait sold out) mais qui a dû être réduit en dernière minute à une journée en 2025. "Entre Madame Loyal qui était revenue au début du mois et la Pride qui s'est tenue en même temps que nous... on a creusé encore plus notre déficit."
Le devenir du Name Festival
Pour le renouvellement du Name Festival, tout va s'écrire cette année. Mais Sabine nous donne déjà quelques éléments importants : "On restera un festival de musique à taille humaine, on continuera à prendre des risques sur la programmation, on continuera à proposer un événement bas carbone. Mais on va peut-être s'hybrider."